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Lourdes à Picquigny

De nombreux fidèles se donnent tous les ans rendez-vous le 15 août pour l’Assomption, une célébration particulièrement vibrante et chaleureuse, devant la réplique de la grotte de Lourdes à Picquigny. Cette année, j’y assiste. Il fait particulièrement beau et chaud, mais une femme m’assure qu’il fait toujours beau pour la messe du 15 août. La foule est nombreuse et gaie, on distribue des chapelets avant l’office. Les gens se pressent pour allumer des lumignons dans la grotte. Ce lieu dominé en hauteur par une statue de Marie évoque vraiment Lourdes. La ferveur est palpable durant toute la messe. Juste avant qu’elle ne s’achève, des bénévoles dressent des tables et une odeur de chouquettes encore chaudes et de brioche vient me chatouiller les narines, comme un lointain souvenir des Trois messes basses de Daudet avec son assistance de fidèles distraits par l’alléchante perspective d’une table de Noël richement garnie. Deux chouquettes et un verre de mousseux plus tard, je me dirige vers la grotte où seules quelques femmes se recueillent en allumant des cierges. Quelques ex-voto sur dans la paroi expriment la reconnaissance, l’un d’eux probablement d’avoir survécu à la drôle de guerre. J’allume moi aussi un lumignon, avec une tendre pensée pour tous mes disparus, et me joins aux fidèles qui s’éparpillent à présent aux quatre vents. 

Les reproductions de la grotte de Massabielle à Lourdes sont nombreuses. En 2015, la France en comptait 765. La Somme n’y fait pas exception avec ses grottes à Ramburelles, Vron, Hérissard, Nouvion… Toutefois, celle de Picquigny, village où le souverain français Louis XI et le roi d’Angleterre Edouard IV signèrent en 1475 le traité dit la Paix de Picquigny qui mit officiellement fin à la guerre de Cent Ans, est particulièrement splendide. 

 

Cette grotte naturelle à flanc d’escarpement crayeux que coiffent la collégiale Saint-Martin et les vestiges du château des vidames d’Amiens est l’expression de la foi d’une population rurale dont le pèlerinage à Lourdes constituait jadis parfois le seul voyage. Située à l’ancienne sortie d’une carrière de craie où l’on extrayait dès le Moyen Âge les pierre utilisées pour édifier châteaux, églises, chapelles, etc., elle est plus qu'une grotte ordinaire puisque des habitants du village y trouvèrent notamment refuge lors des bombardements de la libération en août-septembre 1944.

 

Bénite le 7 août 1938, à l’occasion d’un jubilé marial, la grotte et sa statue de la Vierge attirèrent de fervents fidèles les jours qui précédèrent la fête de l’Assomption. En cette époque particulière où les bruits de bottes s’amplifiaient de jour en jour, une procession fut organisée le 18 septembre. À cette occasion, quelque 500 croyants des paroisses de Belloy-sur-Somme, de La Chaussée-Tirancourt et de Picquigny implorèrent la madone pour qu’elle éloigne du monde le fléau menaçant de la guerre – hélas en vain. 

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